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LA MALÉDICTION DES START-UPS EUROPÉENNES


Malgré des atouts considérables, comme la qualité de ses ingénieurs et de sa recherche et un marché de 500 millions de consommateurs, l’Europe est toujours aussi incapable de donner naissance à des startups capables de jouer les premiers rôles au niveau mondial.

Loin de s’expliquer par une infériorité entrepreneuriale des européens, ce phénomène est en grande partie le résultat d’un mécanisme de financement qui reste défectueux en Europe malgré des avancées considérables depuis les années 2000. Pour résumer le problème, on pourrait utiliser l’expression anglaise “too little, too late”. En matière de high-tech en effet, la tortue est presque toujours battue par le lièvre dopé par des injections de cash massives et précoces, comme l’illustre la trajectoire typique de la startup européenne “X”.

La Start-up X nait dans un pays de l’UE avec un capital d’amorçage généralement très limité, quelques dizaines de milliers d’euros, incluant le plus souvent des aides d’organismes d’Etat, comme BPIFrance en France.

Si la start-up X réussit à sortir une première version un produit/service relativement convaincante elle parviendra à lever sans trop d’efforts quelques centaines de milliers d’euros (somme considérée à juste titre comme dérisoire aux Etats-Unis, pays où la moyenne se situe désormais à 6 millions de dollars pour une “Series A”, voir tableau ci-dessous) lors de ce que les Européens appellent à tort un “premier tour”.

Average size of Series A in the US

A la suite des premières ventes, la startup X aura alors souvent beaucoup de mal, quelque soit la qualité de son business model, son produit et ses équipes à lever en Europe un deuxième tour de taille suffisant (en général plusieurs dizaines de millions d’euros) pour “scaler” rapidement son business model et atteindre le plus vite possible une taille suffisante lui permettant de capturer une part de marché significative au niveau mondial.

A ce stade plusieurs scénarios peuvent se présenter:

  • la startup X meurt faute de cash (crise de liquidités)

  • la startup X décide de lever ce deuxième tour aux Etats-Unis

  • la startup X reste purement européenne en continuant à chercher un financement local

Dans le deuxième cas, si la levée de fonds aux Etats-Unis est couronnée de succès, la startup X devient presque toujours une startup américaine puisque très rares sont les VC américains qui acceptent d’investir dans une entreprise basée en Europe pour des raisons juridiques évidentes.

Une variante très courante de ce scénario consiste en une acquisition précoce de la startup X par une entreprise américaine beaucoup plus grande.

Dans le troisième cas, la difficulté à lever des fonds importants (plusieurs dizaines de millions) en Europe condamnera très souvent la startup X à un rôle subalterne au niveau mondial, voire à sa disparition, victime de concurrents américains ayant crû beaucoup plus vite grâce à un apport massif de capitaux dès le deuxième tour ainsi qu’à un marché intérieur de très grande taille dictant la plupart du temps les normes au niveau mondiales.

Ironiquement, la difficulté qu’ont les startups européennes à lever un deuxième ou troisième tour de taille suffisante en Europe s'explique en partie par la crainte qu’ont les VC européens de voir la startup dans laquelle ils ont investi plier bagage pour s’installer aux Etats-Unis, ce qui se traduirait très souvent par une “dilution” massive de leur participation compromettant gravement la rentabilité de leur investissement initial.

Il est donc grand temps qu’émergent en Europe des VC de taille comparable à leurs homologues américains de “tier1”, c-à-d disposant de fonds suffisant (500 millions de dollars ou plus) pour accompagner la croissance explosive des startups européennes aux plus forts potentiels. La piste la plus prometteuse est sans doute celle des fonds de pension européens que les instances politiques européennes devraient davantage inciter à investir chaque année des milliards d’euros dans les startups européennes par l’intermédiaire de puissant fonds d’investissements capables de rivaliser avec leurs homologues américains.

Faute de quoi l’Europe continuera de subir le pillage systématique de ses pépites technologiques au profit de l’économie américaine dans une forme de brain-drain faisant écho à la fuite des cerveaux européens outre-Atlantique après la seconde guerre mondiale.

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