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POURQUOI LA RÉVOLTE DES ÉTUDIANTS EST UNE MAUVAISE NOUVELLE POUR LES ENTREPRISES FRANÇAISES


L'Université de Tolbiac occupée, Avril 2018

Le printemps 2018 a de fort relents de mai 68: grève à la SNCF, dans le secteur de l’énergie, occupation illégale et violente de la ZAD de Notre Dame des Landes malgré l'abandon du projet d’aéroport, retour en force des idéologies d’extrême gauche personnifiées par la popularité du mouvement La France insoumise et de son charismatique leader Jean-Luc Mélenchon.

Mais l’évènement qui devrait le plus inquiéter les entreprises françaises est l’ampleur de la contestation étudiante face à la réforme légitime et justifiée de l’université. Notre pays est ainsi aujourd’hui le seul en Europe à n’opérer aucune sélection officielle à l’entrée à l’université, perpétuant ainsi l’idée fallacieuse et destructrice pour la société et l’économie française selon laquelle tous les jeunes reçus au Bac sont aptes à poursuivre des études supérieures, alors même que la valeur de cet examen n’a cessé de s’éroder depuis les années 80, permettant à plus de 80% des jeunes français de devenir bacheliers contre seulement 30% il y a 30 ans.

Loin de traduire une augmentation radicale du niveau scolaire de ceux-ci, ce taux de succès au Baccalauréat est devenu un instrument démagogique aux mains de politiciens soucieux de s’attirer les bonnes grâces des parents d'élève électeurs.

Comme je l’écris dans mon livre “les 30 erreurs des entrepreneurs français aux Etats-Unis”, le rapport Pisa comparant tous les 2 ans le niveau scolaire des collégiens et lycéens dans les pays de l’OCDE met en évidence une dégringolade alarmante des performances des jeunes Français, notamment dans les disciplines scientifiques (Maths, Science) depuis plus de 20 ans. Une amie, professeure de mathématiques en classe préparatoire dans un prestigieux lycée parisien, m’alertait déjà il y a plusieurs années sur l’effondrement du niveau en mathématique, mais aussi en français, des élèves entrant en première année de classe préparatoire scientifique, un grand nombre de ceux-ci maîtrisant insuffisamment leur propre langue tout en étant incapables de tout raisonnement scientifique, lui substituant l’application servile de “recettes de cuisine” sans compréhension des notions mathématiques sous-jacentes.

Ce nivellement par le bas, massif et continu depuis le milieu des années 80 et la fixation d’un objectif démagogique de 80% de bacheliers par le ministre de l’éducation de l’époque Jean-Pierre Chevènement, est entrain de porter un coup sérieux à la compétitivité des entreprises françaises de toute taille dans les secteurs les plus vitaux de l’économie du futur: intelligence artificielle, robotique, E-médecine… dans lesquels un très bon niveau en mathématique est indispensable.

Or le niveau de connaissances des bacheliers français dans ce domaine est aujourd’hui à peine équivalent à celui d’un élève de seconde il y a 30 ans.

Depuis plusieurs décennies la France perd ainsi progressivement l’un de ses atouts-maîtres dans la compétition économique mondiale, alors même que le système scolaire allemand s’est spectaculairement redressé depuis les années 2000 suite à des réformes allant à l’encontre de la politique laxiste de la France durant la même période et que même les Etats-Unis, éternel bonnet d’âne en science nous talonnent désormais.

Le rejet de la sélection à l’entrée à l’université par les étudiants eux-mêmes traduit une grande incompréhension de leur part des réalités du marché de l’emploi, soumis plus que jamais à la globalisation. Alors que le Bac n’a quasiment plus aucune valeur pour les employeurs, la politique du “tout le monde à la fac” a conduit depuis de nombreuses années à une dévalorisation des diplômes universitaires sur le marché du travail, avec pour conséquence un taux de chômage des jeunes scandaleusement élevé par rapport aux pays d’Europe du nord ou aux Etats-Unis. Le gouvernement de M. Macron semble avoir compris cette corrélation en essayant d’établir une sélection à l’entrée des universités accompagnée d’un développement et d’une revalorisation des filières d’apprentissage. Un artisan maîtrisant son art sera en effet encore longtemps à l’abri de la concurrence des robots encore beaucoup trop chers et maladroits, alors que les professions dites “intellectuelles” enseignées à l’université subiront bientôt de plein fouet les effets de la propagation de l’intelligence artificielle à tous les secteurs du tertiaire.

Il est donc vital que le gouvernement français reste ferme sur sa décision, malheureusement mal assumée, d’imposer enfin une véritable sélection à l’université et renonce au projet du gouvernement socialiste l’ayant précédé de marier de force les grandes écoles aux universités, processus délétère qui mettrait fin à une particularité unique du système éducatif français expliquant en grande partie le maintien d’élites scientifiques remarquable dans notre pays.

Cette mise en place d’une sélection à l’entrée devra nécessairement s’accompagner d’une augmentation considérable du budget de l’enseignement supérieur, concentré en premier lieu sur les secteurs d’avenir (Science Technology Engineering Maths, Life Sciences) afin d’enrayer l’exode massif des scientifiques français vers des économies concurrentes comme celle des Etats-Unis ou de la Chine. C’est seulement à ce prix que la France pourra défendre sa place parmi les grandes puissances économiques du XXI siècle.

Diplômé de l’ESCP-Europe et titulaire d’un MBA de Georgia State University, Thierry Levy a créé plusieurs startups dans le domaine de l’évaluation des compétences des deux côtés de l’Atlantique, développant en particulier une plateforme de tests online pour les écoliers et lycéens américains dans les années 2000. Il conseille aujourd’hui les entreprises françaises s’implantant aux Etats-Unis et est l’auteur du livre “Si vous réussissez là-bas, vous réussirez partout, les 30 erreurs à éviter pour s’imposer sur le marché américain et conquérir le monde.” à paraître aux éditions Kawa.

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